Conseil de Guerre

Le Zealot s'avança lourdement dans les sombres couloirs de la station impériale Grande Bonté. Une impatience téméraire mêlée à un sentiment de crainte s'emparait de lui pas à pas. Mais il était maintenant temps d'affronter son destin: les Prophètes avaient un plan pour lui. C'était le moment de vérité. Il s'arrêta devant les grandes portes de la chambre du conseil. À ce moment, les grondements provoqués par ses bottes s'estompèrent et un silence glacial régnait. L'attente parut interminable, eût-elle duré cinq unités de temps, jusqu'à ce que l'entre ne s'ouvre à lui. À ce moment, une lueur aveuglante plongea un instant son regard dans l'aveuglement puis s'évanouit. La lumière diminua jusqu'à n'en devenir qu'un faible éclaircissement.

Zoku examina d'abord attentivement l'immense salle qui s'offrait à lui. À l'intérieur étaient visibles les trois Hiérarques, assis sereinement sur leurs sièges anti-gravitationnels. De parts et d'autres le long du chemin traditionnel, des gardes d'honneur Sangheilis attendaient, prêts à dépecer de leurs lances traditionnelles le Maître de flotte au moindre geste suspect. Zoku ne se montra pas intimidé par leurs nobles atours. Seuls les Prophètes avaient droit de vie et de mort sur lui.

Serrant fermement ses mandibules, il s'avança d'une démarche emplie à la fois de dignité et d'humilité, lentement, jusqu'à quelques pas des Hiérarques. Il mit le genou à terre, serra sa main sur son coeur et inclina la tête.

Il attendit que les Prophètes prennent la parole...

Les conseillers et les ministres étaient maintenant bien tonitruants à cause du décret qui avait récemment été annoncé. Tous avaient leur mot à dire pour contrer la situation qui faisait désormais la une de toutes les conversations.

Les Prophètes restèrent un moment là, à flotter immobiles sur leurs trônes cérémoniels. À observer les propos confus des membres du conseil, à droite et à gauche, dans les estrades. Précédemment, les Hiérarques avaient déjà rendu leur verdict sur la solution à prendre, et tous étaient excités d'entendre la sentence sur le Maître de Flotte qui se tenait maintenant devant eux.

Le Prophète de la Vérité s'avança sur son siège antigravitationnel, sereinement, et leva les mains des deux côtés pour indiquer aux politiciens de se taire. Le silence régna aussitôt. Il abaissa les bras et son regard illuminé vint enfin se poser sur Zoku.

« - Nous avons entendu des rumeurs à propos de la colonie humaine Eridanus II. D'après les Ingénieurs du navire Hand of Fervor, il s'y trouverait une Relique des Anciens. Le conseil désir envoyer une flotte dans le but de récupérer cette Relique et d'anéantir ce monde humain. Qu'en dis-tu ?

- Nobles Hiérarques, c'est avec le plus grand des honneurs que je joindrais mes navires sous les ordres de la flotte que vous y enverrez. Dans le but d'accomplir le Grand Voyage. Pour moi et mes frères.

- Il est hors de question de te demander de te joindre à une flotte quelle conque ! lança le Prophète de la Pitié.

- Tu commanderas les forces de l'Alliance lors de cette attaque, déclara le Prophète du Regret. »

Que lui valait cet honneur ? Lui qui de toute son existence n'avait cessé de se considérer comme un second couteau ! Voilà enfin une occasion en or de prouver sa valeur !

Les émotions se bousculaient dans la tête du Sangheili. Aussitôt les paroles des Prophètes prononcées, le croyant tomba sur sa face, empli d'une humilité et d'une reconnaissance sans précédents. Cela allait être la plus cruciale campagne de toute sa vie !

- Tu disposes de sept vaisseaux de guerre, dans ta flotte, est-ce bien vrai ? demanda Regret.

- C'est exact, ô Prophètes.

- Crois-tu que cela sera suffisant pour venir à bout des défenses infâmes qui ont souillé ce monde ? interrogea Pitié.

- Chacun de mes sept vaisseaux en prendra sept à ces impies !

Aussi vrai qu'il portait le nom de Zoku 'Carimanee, jamais le Maître de Flotte n'aurait laissé mettre en doute les capacités de sa flotte.

- Alors, c'est décidé, déclara Vérité. Pars, prends tes hommes avec toi, et élimine la vermine de ce monde déchu ! Ramène-nous la relique cachée au cœur de la capitale planétaire, quoi qu'il t'en coûte !

- Oui, Nobles Hiérarques.

Le Zealot recula lentement, toujours incliné devant les Maîtres, puis une fois qu'il eût passé la grande porte et que celle-ci se referma, il s'en retourna. Il n'avait pas une minute à perdre pour réunir ses troupes à présent ! L'avènement du Grand Voyage était entre ses mains...

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